Les dilemmes éthiques posent des questions fondamentales sur la conduite humaine, et les quatre principes classiques :
- Autonomie
 - Bienfaisance
 - Non-malfaisance
 - Justice
 
servent de repères solides face à des situations où chaque choix compte. Que l’on parle de médecine, de justice ou de relations humaines, ces repères structurent la prise de décision, cherchant l’équilibre entre droits individuels et intérêt collectif.
L’autonomie donne la priorité à la volonté de chacun ; bienfaisance et non-malfaisance poussent vers l’action bénéfique, tout en évitant de causer du tort. Quant à la justice, elle veille à ce que les ressources et possibilités soient partagées de façon équitable, bannissant toute forme d’injustice.
Les fondements des principes éthiques
L’éthique médicale s’appuie sur des valeurs qui influencent chaque geste, chaque choix au sein du monde de la santé. Ces principes, hérités d’une longue réflexion philosophique, sont devenus incontournables pour affronter les impasses et les arbitrages quotidiens. Ils offrent aux professionnels de santé un cadre pour s’orienter, même dans la tempête du doute.
Pr Grégoire Moutel, figure de l’éthique médicale, rappelle qu’ils garantissent la reconnaissance des droits des patients et une prise en charge équitable. Travailler l’éthique ne se limite pas à cocher des cases : il s’agit d’intégrer des valeurs, de s’imprégner des contextes et d’en comprendre la portée.
En France, le Comité Consultatif National d’Éthique et la Plateforme nationale de recherche sur la fin de vie jouent un rôle clé dans la diffusion et l’application de ces principes. Ils tracent la voie pour le respect de la personne malade, notamment lors des moments les plus sensibles, comme l’accompagnement en fin de vie.
Les quatre principes
- Autonomie : Reconnaître à chacun le droit de choisir pour sa propre santé.
 - Bienfaisance : Agir pour le bien du patient, une notion qu’Emmanuel Levinas a particulièrement valorisée.
 - Non-malfaisance : Éviter de causer un préjudice au patient.
 - Justice : Assurer à chaque patient un traitement équitable.
 
Ces principes ne restent pas théoriques : ils guident la pratique quotidienne, de la salle de consultation aux décisions plus lourdes. Guillaume Grandazzi, également spécialiste de l’éthique médicale, souligne qu’il faut souvent arbitrer entre des valeurs opposées, sans solution simple. Les institutions et la société dans son ensemble réévaluent sans cesse ces bases pour suivre l’évolution des pratiques et des savoirs.
Le principe d’autonomie
Au cœur de l’éthique médicale, l’autonomie revendique le droit de chaque personne à prendre en main ses choix de santé. Cette position s’est imposée comme une réponse directe au vieux réflexe paternaliste, qui faisait fi de la volonté des patients.
Pour Pr Grégoire Moutel, garantir l’autonomie implique une information claire et complète, permettant aux patients de décider en connaissance de cause. Mais l’autonomie ne se limite pas à cocher la case du consentement : elle invite à une implication active à chaque étape, de la prévention jusqu’aux traitements.
Dimensions de l’autonomie
Voici ce que recouvre concrètement l’autonomie dans le parcours de soins :
- Consentement éclairé : Le patient doit disposer de toutes les informations, comprendre les choix qui s’offrent à lui, mesurer risques et bénéfices.
 - Participation active : On attend du patient qu’il prenne part, qu’il interroge, qu’il affirme ses préférences.
 - Respect des choix : Même si le patient fait un choix contraire à l’avis médical, son opinion doit être respectée.
 
Le Comité Consultatif National d’Éthique et la Plateforme nationale de recherche sur la fin de vie rappellent l’importance de former les soignants à cette posture. Savoir expliquer, écouter, accompagner : il s’agit d’instaurer une relation de confiance, où le patient n’est pas isolé mais pleinement acteur de sa santé. Guillaume Grandazzi insiste : l’autonomie se vit dans le dialogue, et non dans la solitude du patient.
Le principe de bienfaisance et de non-malfaisance
La bienfaisance engage les soignants à agir pour le mieux-être du patient. Emmanuel Levinas l’a rappelé : la responsabilité envers autrui est au centre de la démarche. En pratique, cela signifie chercher à améliorer la santé du patient, par la prévention, les traitements ou les soins palliatifs, selon la situation.
Pr Régis Aubry, président de la Plateforme nationale de recherche sur la fin de vie, précise que la bienfaisance suppose une attention continue : il faut tenir compte des besoins du patient, de ses valeurs, de ses attentes. Chaque geste doit être pesé, chaque intervention évaluée en termes de bénéfices et de risques.
À côté, la non-malfaisance impose un garde-fou : ne pas nuire. Cette exigence, héritée du serment d’Hippocrate, “d’abord, ne pas nuire”, oblige à éviter les actes qui pourraient causer du tort, même avec la meilleure intention.
Applications concrètes
Pour mieux saisir l’impact de ces deux principes, voici quelques situations où ils guident la réflexion :
- Évaluation des risques et bénéfices : Avant toute intervention, il faut s’assurer que le bénéfice attendu l’emporte sur le risque.
 - Prudence thérapeutique : Choisir les traitements avec discernement, en limitant les effets secondaires ou complications.
 - Soins palliatifs : En fin de vie, privilégier le confort et la qualité de vie plutôt que la prolongation coûte que coûte.
 
Le Comité Consultatif National d’Éthique rappelle que bienfaisance et non-malfaisance sont indissociables dans la pratique : chaque décision médicale doit tenir ce cap, pour garantir la dignité et le respect du patient à chaque étape.
Le principe de justice
Agir avec justice, c’est refuser que l’accès aux soins dépende du hasard ou de la fortune. Ce principe impose une égalité de traitement, particulièrement lorsque les ressources sont sous tension.
Le Pr Grégoire Moutel le souligne : il ne suffit pas de garantir des soins de qualité, encore faut-il que chaque patient puisse effectivement en bénéficier. Guillaume Grandazzi complète : la justice ne se limite pas aux hôpitaux, elle doit irriguer tout le système de santé, du dépistage jusqu’à la gestion des maladies chroniques.
Le Comité Consultatif National d’Éthique insiste sur la nécessité d’une répartition juste et transparente, basée sur des règles claires. Celles-ci incluent :
- La priorisation selon la gravité de l’état de santé.
 - L’évaluation du bénéfice potentiel pour chaque patient.
 - L’obligation d’assurer un accès équitable à tous, sans distinction.
 
Pr Régis Aubry, membre du Comité Consultatif National d’Éthique, rappelle que la justice doit aussi concerner ceux qui soignent. Offrir à tous les professionnels de santé des conditions de travail et de formation équitables, c’est leur permettre de garantir la qualité des soins pour chacun.
À l’heure où chaque choix médical peut faire basculer des vies, ces principes offrent un socle à la fois solide et vivant. Ils rappellent que l’éthique n’est pas une théorie lointaine, mais une exigence concrète, sans cesse remise sur le métier. Qui saura demain inventer de nouveaux équilibres face à des défis inédits ?


        